import/export
Compte tenu de la diversité de natures et de formes des isolants, de très nombreuses marques étaient présentes sur le marché belge. Certaines d’entre elles étaient belges (produites en Belgique par une société belge), alors que d’autres étaient importées par de grandes sociétés internationales, ou produites en Belgique par des succursales de grandes multinationales. Les matériaux d’isolation synthétiques en particulier étaient produits par des sociétés internationales. Leur réussite a inspiré plusieurs sociétés belges spécialisées dans les matériaux d’isolation végétaux et minéraux, qui ont ainsi étendu leurs activités.
sociétés belges
Isoverbel, acronyme d’Isolation de verre belge, comptait parmi les principales entreprises belges d’isolation. Cette entreprise produisait des matériaux d’isolation thermique et acoustique à base de verre (laine de verre, soie de verre et fibres de verre). L’entreprise trouve ses origines dans la création du département isolation de la verrerie Saint-Gobain, en 1937. Isoverbel disposait d’un grand département de recherche et de consultance, ainsi qu’un département production, avec deux usines à Franière et à Namur. Ces produits étaient tous imputrescibles, ignifuges, insensibles aux moisissures et aux microorganismes et conservaient leurs propriétés isolantes au fil des ans. Les produits en fibres de verre étaient disponibles sous différentes formes : en vrac, cousues sur des mats de carton ou des treillis galvanisés, dans des feuilles ou des toiles (éventuellement recouverts de papier bitumeux), dans des panneaux rigides ou perforés, sous forme de mortier de finition, etc. Le panneau de base d’Isoverbel, Isover P.B., était un panneau en fibres de verre semi-rigide de 60 cm sur 120 cm, utilisé pour isoler les murs intérieurs et extérieurs et les murs creux. Incorporer un panneau de ce type dans un mur creux permettait de quadrupler la résistance thermique du mur. Il pouvait être recouvert d’un papier kraft bitumeux d’un côté pour faire office de pare-vapeur. Autre produit Isover : le Rollisol, couverture sur rouleau, mesurant jusqu’à 12 m de long, avec du papier kraft bitumeux d’un côté et du papier kraft perforé de l’autre, utilisé pour isoler les toitures. Les feuilles IBR étaient également vendues sur rouleaux, également avec option papier kraft bitumeux. Les panneaux de toitures P.I. Roofing étaient très lourds, rigides, avec une couche de bitume renforcé de fibres de verre au-dessus. Autre type de panneaux rigides : les panneaux Shedisol Alu, recouverts de papier kraft ou de papier d’aluminium d’un côté et utilisés par exemple dans les sols de cave ou les toits de bâtiments industriels. Leur gamme de produits s’est également enrichie des panneaux P.I.156, P.I.256, P.I.456, panneaux acoustiques P.A. 305 et Bergla, Stryroverbel (polystyrène expansé), etc. Du fait de sa vaste gamme de produits utilisés dans un large panel d’applications, Isoverbel a élaboré une importante documentation pour ses produits d’isolation thermique et acoustique. Ainsi, plusieurs cahiers de charges furent édités, indiquant à chaque fois le produit approprié, par exemple pour l’isolation des sols en béton avec des systèmes de plancher flottant (avec Feutre-sol Isover), des toits plats (avec P.I. Roofing), des murs extérieurs et des murs creux (avec panneaux Isover P.B.) et des toits en pente (avec Rollisol).
Les produits Isoverbel étaient également vendus par Cantillana, un fournisseur de matériaux de construction fondé en 1875 à Saint-Nicolas, spécialisé dans le plâtre et le gypse. A partir de 1933, Cantillana commercialisa son propre panneau Cellulit : à base de fibres de bois et de gypse, Cellulit était léger, isolant et résistant au feu. En outre, dès le début des années 1950, Cantillana vendit des produits en fibres de verre, se revendiquant « seul agent dépositaire pour le Grand-Bruxelles de la S.A. Isoverbel ». Sa gamme de produits se composait principalement de laine de verre (en vrac ou matelas, cousue ou non sur un carton, du papier kraft ou un treillis galvanisé) et de la soie de verre (en feuilles et en rouleaux). Ces produits pouvaient être utilisés entre le sol en béton et la chape, dans les faux-plafonds, les murs, les toits plats et en pente, etc. Cantillana créa également une plus-value en incorporant le panneau standard Isover P.B. dans un panneau acoustique appelé Insona. Ces panneaux de finition perforés étaient fabriqués en plâtre renforcé de fibres de verre et mesuraient entre 30 sur 30 cm et 62,5 sur 62,5 cm, pour une épaisseur pouvant atteindre 2 cm. Pour améliorer l’absorption acoustique, ils étaient munis d’un voile de finition en soie de verre Coromat et d’un panneau Isover semi-rigide d’au moins 2,5 cm d’épaisseur. Les panneaux Insona étaient résistants au feu, à la déformation, à l’humidité et aux températures élevées. Les panneaux étaient vissés soit sur une structure réticulaire, soit sur une structure de plafond suspendu. La Société Belge Isolex S.A. était une entreprise assez similaire à Isoverbel : elle combinait également agence de consultance et production et installation d’isolation en fibres de verre. Elle produisait de l’isolation thermique et acoustique, avec un intérêt marqué pour cette dernière (absorption des sons, amortisseurs de vibrations et réduction des réverbérations), sous différentes formes : panneaux, plaques, carreaux et flocage. Parmi les exemples de produits Isolex, citons Fiberglas Aerocor (couvertures en fibres de verre bakélisées, insensibles à l’eau et ignifuges), Navitex (panneaux fibreux poreux, qui absorbent les sons), Acoustifibre (panneaux en fibres de bois), Econacoustic (panneaux léger en fibres de bois), Fiberglas Perforated Tile, Travacoustic (panneaux en fibres minérales), Gold Bond Insulation Tiles & Planks (carreaux en fibres de bois), Metal-Acoustic (panneaux perforés), Acousti-pan (panneaux métalliques plats perforés avec cœur isolant en isolation de verre), Sprayed Limpet Asbestos S.L.A., etc. A l’exception de ce dernier, un pulvérisateur d’amiante, la plupart de ces produits étaient composés de fibres de verre ou de bois, sous forme de panneaux ou de carreaux. Ces carreaux et panneaux étaient souvent pourvus d’une surface poreuse ou rugueuse pour améliorer l’absorption sonore. Isolex a également commercialisé des mortiers de ciment isolants à utiliser en chape (ex. Matelas R.B.) ou en finition de plafond. Il a également produit l’Isostyrène : un panneau rigide, blanc, en polystyrène expansé, d’une masse volumique comprise entre 15 et 60 kg/m³ (λ = 0,031 W/mK). Ce panneau pouvait être cloué, scié et peint, il était insensible aux acides et aux huiles, et inflammable. En outre, Isolex distribua les feuilles et panneaux en fibres de verre de l’entreprise américaine Owens-Corning Fiberglas pour le marché belge à partir des années 1960. Ces plaques absorbaient les sons (grâce aux millions de bulles d’air emprisonnées), elles étaient légères, faciles à transporter et à placer, imputrescibles, inertes et inodores, ignifuges, indéformables et finies de différentes façons (rainurées, perforées, texturées). Les produits Owens-Corning Fiberglas, reconnaissables par leur couleur rose, étaient également distribués en Belgique par Eternit, autre entreprise belge qui produisait et distribuait des produits d’isolation.
Eternit est mieux connue pour ses produits à base d’amiante, utilisés notamment comme isolants (souvent mélangés à du ciment ou utilisés dans des panneaux sandwich). Eternit disposait en fait d’une large gamme de produits d’isolation (principalement minéraux). Elle a ainsi produit Eterglass, à base de laine de fibre de verre bakélisée ou imprégnée de résines polymérisées synthétiques. Eterglass était ignifuge, imputrescible, insensible à l’humidité et disponible sous différentes formes, par exemple : Eterglass BL Kraft/Nu (feuilles ou couvertures, avec ou sans papier kraft bitumeux), Rolliglas (avec papier kraft des deux côtés), Sonosol (couvertures et panneaux d’isolation acoustique), Type 700/701/702 (panneaux muraux rigides et semi-rigides) et Type 703/704 (panneaux rigides à densité élevée, plutôt pour les sols). En outre, pendant les années 1960, Eternit distribua plusieurs produits d’isolation à base de fibres de verre fabriqués par Owens-Corning Fiberglas pour isoler les murs intérieurs et extérieurs, les sols, les plafonds et les murs de séparation. Tous les produits, souples comme rigides, étaient à base de fibres de verre, sous différentes formes et en diverses qualités, ex. feuilles de fibres de verre filées polymérisées ou panneaux en fibres de verre pour faux plafonds. Les panneaux pour plafonds d’Owens-Corning Fiberglas (Sonocor, Sonoplat et Sonoflex) se ressemblaient beaucoup : ils étaient mis en place dans des cadres (métalliques) et étaient faciles à soulever ou à enlever par après, permettant d’accéder à tout moment aux tuyaux et conduites sous-jacents. Les panneaux ne nécessitaient pas beaucoup d’entretien, étaient légers (0,85 kg/m²) et faciles à nettoyer à l’eau et au savon. Quant aux capacités thermiques, un faux plafond de ce type était présenté comme équivalent à 25 cm de béton cellulaire ou à 108 cm de béton armé. D’un point de vue acoustique, les panneaux étaient très performants grâce aux bulles d’air comprises dans la masse des panneaux en fibres de verre. Eternit a également produit d’autres produits d’isolation tels que Menuiserite (panneaux en amiante-ciment avec des fibres cellulosiques), Lithoperl (perlite expansée), Eterfoam (mousse d’isolation à base d’une résine de phénol-formol expansée) et les panneaux sandwich Glasal (avec un cœur de polystyrène ou d’Eterfoam). Avec ces derniers, Eternit a étendu sa gamme de produits de matériaux d’isolation minéraux aux matériaux d’isolation synthétiques (comme l’avait fait Isoverbel lorsqu’elle avait commencé à produire le polystyrène expansé Stryroverbel), suite à la réussite des fabricants internationaux Dow et BASF à la fin des années 1950.
